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Clinique de Mercy, Oratoire, Mossoul, Irak

Clinique de Mercy, Oratoire, Mossoul, Irak

  • 2021
  • Mossoul, Irak

Mossoul se trouve sur les rives du Tigre, à environ trois cent cinquante kilomètres au nord de Bagdad, la capitale du pays. En ce qui concerne son histoire récente, la ville fut prise par l’organisation terroriste État islamique pendant l’été 2014, et elle devint la « capitale » de l’État islamique jusqu’à sa reprise par les forces armées irakiennes en 2017. Au cours des combats et bombardements, Mossoul a été partiellement détruite. Véritable Jérusalem de Mésopotamie, l’hypercentre de la vieille ville de Mossoul est devenu un charnier des pierres.

C’est à Mossoul que se trouvaient certains des édifices chrétiens les plus importants d’Irak. Ils ont été vandalisés, bombardés, et pour certains, détruits entre 2014 et 2017. Pendant le conflit les trois édifices chrétiens majeurs de Mossoul, l’église syriaque-orthodoxe Mar Touma, l’église Al-Tahira des Chaldéens et l’église latine Notre-Dame-de-l’Heure des dominicains, ont subi de gros dommages.

Après la prise de Mossoul par l’État islamique, l’architecte Bernard Geyler a créé une association « Aux porteurs de lumière », en soutien aux chrétiens d’Irak, aux côtés de l’archevêque de Kirkuk Sulaymaniya, Mgr Yousif Thomas Mirkis.  Cette association a été finance par un emprunt, une participation du diocèse et le soutien de l’œuvre d’orient. Bernard Geyler a conçu le projet d’une clinique pour assister les malades et les personnes âgées : « Nommée Mercy, cette clinique de quatre mille cinq cents mètres carrés comporte un plateau destiné aux autistes, un autre aux personnes âgées avec un service de gériatrie de quarante-deux lits, un troisième destiné aux maladies relevant d’Alzheimer, et un quatrième accueillant un lieu de rencontres pour spectacles, conférences ou formations. »

Commencé en 2017, ce projet a été financé par l’association « Aux porteurs de lumière », par un emprunt, une participation du diocèse, et le soutien de l’Œuvre d’Orient. C’est ainsi qu’il a été permis de livrer la clinique à la fin du mois de mai 2021. « Au rez-de-chaussée, et donnant sur la rue, un oratoire est situé à proximité immédiate de l’entrée de l’immeuble. La souffrance est une des constantes d’une clinique. Afin de permettre autant aux patients qu’aux visiteurs de se ressourcer, il y avait lieu de créer un lieu de sérénité propice à la spiritualité et à la méditation. La présence en Irak de sensibilités religieuses diverses, nous a amenés à proposer une solution inspirant la paix et l’harmonie, sans signe spécifique à une religion… », précise l’architecte.

Bernard Geyler a souhaité que ce lieu de paix soit éclairé par un vitrail. Comme le père Kim En Joong, l’archevêque Mgr Mirkis est dominicain. Les deux hommes se connaissent et s’apprécient. Aussi, c’est très naturellement que l’un s’est adressé à l’autre pour lui commander la création du vitrail. Installé dans une baie, en façade sur rue, le vitrail de cinq mètres soixante de large pour trois mètres de hauteur, est une œuvre d’une seule pièce qui a été fragmentée en sept panneaux de largeurs différentes.

Côté rue, cette baie est rythmée par six potelets en béton, côté oratoire, les verres ont été enchâssés dans des menuiseries en aluminium, dont les montants, cachés derrière les potelets en béton, garantissent l’étanchéité. La vue du vitrail depuis la rue reste ainsi élégante, grâce à la finesse des potelets, et assure la lecture de l’œuvre dans son intégralité. Pour des raisons de sécurité, le vitrail est inséré entre deux verres feuilletés composant ainsi un triple vitrage. Le travail a été réalisé en Turquie à partir d’une maquette fournie par le photographe du père Kim En Joong.

En visite à Mossoul en mars 2021, le pape François a lancé un appel aux chrétiens : « La diminution tragique des disciples du Christ, ici et dans tout le Moyen-Orient, est un dommage incalculable, non seulement pour les personnes et les communautés intéressées, mais pour la société elle-même qu’ils laissent derrière eux. » Des chrétiens qu’il a appelé à « revenir » dans leurs villes et villages détruits par Daech. Il a insisté sur « l’expérience fraternelle vécue par les chrétiens avec les musulmans, après être revenus à Mossoul », où des situations « d’accueil, de respect, de collaboration » sont aujourd’hui partagées entre les deux communautés. Le projet de la clinique de Mercy répond à cet appel.