Navigation Menu
Couvent du Christ Rédempteur, Annexe de la Chapelle Lage-Rieste, Allemagne

Couvent du Christ Rédempteur, Annexe de la Chapelle Lage-Rieste, Allemagne

  • 2019
  • Rieste Allemagne

Rieste est une petite ville allemande du land de Basse-Saxe, elle appartient à l’arrondissement d’Osnabrück, l’une des principales agglomérations de ce land après Hanovre et Brunswick.

Le père Kim était déjà intervenu dans la cathédrale Saint-Pierre d’Osnabrück en 2016, en y installant temporairement un triptyque, « Hommage à la Trinité », autour du maître-autel néo-roman de l’édifice, et huit tableaux circulaires disposés dans les nefs latérales. Alors que les huit œuvres du cycle du Rosaire étaient déjà disponibles dans le dépôt de l’artiste à Ambert en Auvergne, le père Kim En Joong a créé le triptyque à la demande de l’évêque et du chapitre de la cathédrale.

Dans la salle du musée diocésain, contiguë à l’édifice religieux, étaient présentées d’autres œuvres de l’artiste : des vitraux, des céramiques et des vêtements liturgiques. Au centre de l’exposition se trouvait un triptyque de verre rétro-éclairé de grand format que Kim En Joong avait conçu en 2014 pour l’exposition « Glanzlichter », organisée dans la cathédrale de Naumburg. À ses côtés avaient été mises en place cinq chasubles aux ornements dessinés par l’artiste. Deux autres vitraux rétro-éclairés complétaient l’exposition, tandis que des travaux de céramique dialoguaient avec le verre et le textile.

 Le projet s’est ensuite étendu au monastère dominicain que le diocèse d’Osnabrück avait fondé en 2000 dans les bâtiments de l’ancienne commanderie de l’Ordre de Saint-Jean, à Lage-Rieste. Dans la chapelle du couvent, trois grands verres colorés conçus par Kim En Joong avaient alors été disposés devant les trois fenêtres orientées au sud. Grâce à un achat et à un prêt permanent du musée diocésain, le plus grand des trois vitraux avait alors trouvé un emplacement permanent dans la chapelle du couvent.

Les réactions multiples aux installations temporaires de 2016, en la cathédrale, au musée diocésain et au couvent des Dominicaines, ainsi que le désir de l’artiste de poursuivre sa coopération avec le diocèse d’Osnabrück, ont alors permis d’imaginer un projet sur le site de pèlerinage de Lage-Rieste, connu pour le « Christ rédempteur en croix ». «

Pour la paroisse Saint-Jean de Lage, le projet donnera de nouvelles impulsions au pèlerinage vers le      « Sauveur crucifié » et mettra en contact pèlerins et amateurs d’art. Elle s’inscrit ainsi dans une tradition séculaire de renouveau, pour laquelle les responsables de Lage ont relevé d’inédits défis spirituels et pastoraux », écrivait Hermann Queckenstedt, directeur des musées diocésains.

Si la commanderie a été fondée en 1245, l’origine de la croix de Lage, vers 1300, est liée à une pieuse légende. Attribuée à deux frères de l’Ordre, ces derniers l’auraient créée sur l’injonction de Dieu, apparu dans le voisinage de Wittefeld. On enregistre alors les premières guérisons de paralysés, qui vont être à l’origine des pèlerinages annuels, tenus les jours de la Saint-Jean et de l’Exaltation de la croix, à partir de 1488.

« Au XXème siècle, l’évêque Wilhelm Berning (1914-1955) a profité des pèlerinages à Lage pour prononcer des sermons critiques qui, pour le régime nazi, allaient souvent au-delà de ce qui était permis. Les dirigeants et leurs informateurs de la police d’État considéraient les marches des pèlerins, ainsi que le rassemblement des milliers de personnes, qui assistaient aux services religieux en plein air, comme une manifestation dangereuse, représentant une concurrence malvenue aux marches de masse nazies. Le pèlerinage des ouvriers catholiques à la croix de Lage en septembre 1934 fut particulièrement impressionnant ». Depuis 1994, le diocèse d’Osnabrück, sur proposition du chanoine Heinrich Hanneken, invite les croyants au pèlerinage de Lage le dimanche suivant l’Exaltation de la Sainte Croix, le 14 septembre. Aujourd’hui, la croix miraculeuse est située dans une annexe de la chapelle, au nord de l’église paroissiale. Des paroissiens du Land d’Osnabrück et du Oldenburger Münsterland portent encore régulièrement la croix du XIVème siècle autour de l’église, tous les vendredis, en chantant et priant.

C’est cette annexe, à l’architecture de pierre, d’acier et de verre, prolongeant la chapelle de la Croix, côté ouest, qui a été choisie pour être l’écrin des nouveaux vitraux du père Kim En Joong. « L’interaction avec la croix du Christ rédempteur, suspendue au mur est de la chapelle, doit définir un nouvel espace où vivre une inédite expérience esthétique et spirituelle ».

Le père Kim a été fortement inspiré par l’aura de la croix de Lage, qu’il a contemplé pour la première fois en 2016, lors de sa visite au monastère dominicain voisin. Impressionné par la représentation du Fils de Dieu maltraité, celle-ci ne l’a pas quittée pendant les années suivantes. À l’image du Christ lépreux de la Bajasse en la basilique de Brioude, qui avait influencé son travail pour les vitraux de la basilique Saint-Julien, le Christ de Lage l’a inspiré pour les vitraux dédiés « Au Sauveur crucifié ». L’artiste a créé un vitrail isolé pour la chapelle et un ensemble de verrières pour accompagner l’architecture de l’annexe, construite au tout début des années 2000.

L’unique baie cintrée de la chapelle, accueille ainsi une œuvre à la palette de couleurs sobres répondant au Christ sauveur : travaillée dans les tons gris et jaunes, un simple accent rouge vient répondre aux blessures latérales du Sauveur crucifié.  Le vitrail a été simplement posé devant la fenêtre existante, suspendu par quatre fines tiges d’acier : désolidarisé de la maçonnerie, il laisse la lumière naturelle du nord l’envelopper d’une aura mystérieuse. L’annexe, conçue par l’architecte Ulrich Recker, comporte une verrière zénithale à deux pans, qui apparaît comme suspendue. L’intervention et la mise en couleurs des verrières du père Kim En Joong accentuent encore cette impression de flottaison dans l’espace grâce à la composition unitaire et aux tons puissants éclairés par une lumière toujours égale venant du nord. Une percée verticale, pratiquée dans le mur ouest, assure la jonction avec le bâtiment existant, et reçoit une verrière colorée de l’artiste. Cette mise en couleur vient renforcer l’effet de dissociation d’avec l’édifice voisin. Le volume de l’annexe n’apparaît plus que constitué de lumière colorée, affranchi de la pesanteur du bâti.

Les vitraux ont été réalisés dans l’atelier Peters de Paderborn en août 2019. À partir des maquettes de Kim En Joong, les verres ont été peints avec des émaux par Natalja Sittner qui s’est spécialisée dans la transposition de son travail. Elle a utilisé pinceaux, spatules et aérographe. Les multiples couleurs vives ont nécessité des cuissons successives à six cents degrés, en prenant soin, à chaque étape, de contrôler leur résistance à ces différentes cuissons. L’ensemble des verres peints a ensuite subi une trempe thermique, puis un feuilletage pour obtenir la résistance aux chocs.  L’inauguration des vitraux par Monseigneur Franz-Josef Bode s’est déroulée le 15 septembre 2019, lors du pèlerinage des malades, célébré pour la vingt-cinquième fois.