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Oratoire Privé, Sarthe, France

Oratoire Privé, Sarthe, France

  • 2021
  • Sarthe, France

Cet oratoire a été construit en 2019, au premier étage d’une maison récemment restaurée. Sa position dominante sur un paysage environnant exceptionnel a conduit les propriétaires à concevoir une architecture transparente par le choix d’une grande verrière. Orientée au sud, celle-ci permet de contempler la vaste campagne alentour : « Devant nous c’est le miracle de la création qui se renouvelle quotidiennement et au gré des saisons, se partageant entre collines, haies, champs, herbages, fermes, bois et forêts. La brume hivernale n’est percée que par le clocher du village situé au pied de la colline », confie le propriétaire des lieux, ajoutant : « cet oratoire est le cœur d’une maison qui a pour vocation d’être un lieu de repos et de ressourcement ».

La verrière abritant l’oratoire est construite avec des profilés en aluminium peints en rouge. La partie supérieure de l’édifice suit les pentes des toitures réalisées en ardoises. La partie basse de la construction, verticale, accueille sept partitions vitrées pour lesquelles le père Kim En Joong a créé sept vitraux indépendants.

Le grand-oncle du fils du propriétaire, le père Louis-Bertrand Geiger, dominicain, avait été professeur à Fribourg. Kim En Joong avait été son élève lors de ses premières années en Europe, à Fribourg. L’artiste est ainsi resté très attaché au père Geiger. Après son décès, en 1983, il a continué à rendre visite à sa famille, Georges et Simone Geiger, en région parisienne.

Apprenant que ce petit-neveu allait être ordonné prêtre, le père Kim En Joong, en hommage au père Geiger, proposa de réaliser des vitraux pour sa paroisse. Ce projet n’étant pas réalisable, la possibilité de réaliser des vitraux pour l’oratoire de la maison familiale fut retenue. L’artiste choisit alors d’adjoindre à son travail de peinture sur le verre des textes de François Cheng, académicien, poète et calligraphe, et du cardinal Godfried Danneels, tous deux amis de longue date du peintre. En effet, pour le père Kim En Joong : « L’écriture est en elle-même un art » Les couleurs et la matière de la peinture laissent aux vitraux une qualité de transparence permettant à la nature de jouer son propre rôle : les vitraux deviennent des tableaux mouvants, évoluant au gré des saisons. « La lumière et le cadre naturel font de ces vitraux un dialogue entre le Très-Haut et la Création, dans une unité profonde », complète le propriétaire.

Aujourd’hui, en regardant les tableaux ou les vitraux du père Kim En Joong, ce sont précisément ces taches de couleurs qui dominent. Leur contraste, profondeur, clarté… Elles remplissent de leur présence la couche représentée d’une toile ou d’un carreau de vitre qui, en plus, peut être pénétrée par des rayons lumineux, toujours nouveaux. Le manque de compositions naturalistes et figuratives intensifie notre concentration sur les taches de couleurs elles-mêmes et leurs combinaisons. Elles expriment déjà en elles-mêmes une certaine substance, qui leur a été donnée par l’artiste, mais le destinataire est forcé en quelque sorte de la découvrir à nouveau. Il doit entrer en dialogue avec l’œuvre, qui ne semble pas être une fin en soi, mais plutôt un portail vers une réalité supérieure.

Telles les icônes, qui en théologie chrétienne orthodoxe, plutôt que de représenter visuellement Jésus-Christ ou les saints, sont destinées à introduire dans leur réalité céleste. Le père Kim En Joong, comme il aime en témoigner, doit beaucoup à la rencontre du dominicain alsacien Louis-Bertrand Geiger, à sa profonde spiritualité et son approche contemplative de la philosophie.

Les vitraux ont été réalisés dans l’atelier Wilhelm Peters, à Paderborn en Allemagne. Six vitraux éclairent l’oratoire proprement dit, le septième apporte la lumière à l’escalier d’accès au lieu.