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Eglise Saint-Gervais, Saint-Gervais-Mont-Blanc, France

Eglise Saint-Gervais, Saint-Gervais-Mont-Blanc, France

  • 2016
  • Saint-Gervais 74170 Saint-Gervais-Mont-Blanc

Heures d’ ouverture
Du 01/01 au 31/12, tous les jours de 8 h à 19 h.

Saint-Gervais-Mont-Blanc se situe dans le Val Montjoie, en haute-vallée de l’Arve. L’église Saint-Gervais, propriété de la commune, est inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis le 30 septembre 1987, et son clocher a été classé Monument historique à cette même date. Ce clocher lanterne à deux niveaux surmonte une façade baroque. Édifié au XIIe siècle, le clocher est plus ancien que l’église elle-même, datée du XVIIe siècle. Il est couronné d’une première flèche depuis 1764. En 1819, le clocher est à nouveau couvert ; l’architecte Amoudruz le pare alors du bulbe qu’il conserve de nos jours.

L’édifice a fait l’objet de plusieurs campagnes de restauration depuis 2011. La façade principale, sobre et épurée, est marquée par tous les éléments du décor baroque : serlienne (groupement de trois baies), médaillons, oculus et avant-toit décoré. Elle présentait des décors peints en 1956 par Édouard Borga. Ils ont été restaurés à l’identique avec quelques retouches ponctuelles pour harmoniser l’ensemble. En sous-face de l’auvent, peintes sur bois, trois scènes décrivent la Résurrection, la lapidation de saint Étienne et le martyr de saint Laurent. De part et d’autre de la porte, deux médaillons représentent saint Gervais et saint Protais. La frise aux motifs en rinceaux rouge, et ornée de colombes et d’angelots, est surmontée d’un phylactère « Je suis la résurrection et la vie ». Les trois vitraux de la serlienne et la statue de la Vierge, posée dans la niche en forme de coquille, ont également été restaurés à cette occasion. Les façades latérales ont retrouvé leurs blason et cadran solaire restaurés. Toutes ont été recouvertes d’un enduit à la chaux venu remplacer ceux réalisés dans les années cinquante à base de mortier de ciment, qui empêchaient les maçonneries de « respirer », provoquant notamment des remontées d’humidité à l’intérieur de l’église.

La nef présente quatre travées collatérales, séparées entre elles par des arcs doubleaux, reposant sur de hauts piliers cruciformes. Couverte d’un toit à deux pans, elle est surmontée d’un clocheton, semblable en cela aux églises de Saint-Nicolas de Véroce, des Contamines-Montjoie et de Notre-Dame de la Gorge. L’ensemble des murs, uniformément couverts d’une peinture rosée, était autrefois entièrement orné de décors peints avec des panneaux en trompe-l’œil et des filets désormais disparus. Pour redonner son cachet à l’intérieur de l’édifice, l’architecte a opté pour un badigeon clair, bien plus lumineux, et un décor à la hauteur des retables qu’elle abrite. Les vitraux aux motifs géométriques dataient du XIXe siècle.

Dans le cadre de la restauration de l’église de 2016, cinq verrières, les deux placées de part et d’autre de la tribune, et les trois, situées sur la façade principale de l’église, ont été déposées. Datant de la précédente rénovation de 1876, elles ont été entièrement restaurées par l’atelier Vitrail Saint-Georges, associé pour l’occasion à l’atelier Imbert. Conservées comme témoignage et souvenir du passé, elles ont été réinstallées et protégées par des vitrages extérieurs feuilletés. Les six autres verrières de la nef et les trois éclairant le chœur, destinées à être remplacées par des vitraux contemporains, ont été déposées, nettoyées et entreposées dans l’ancien presbytère, où elles attendent d’être exposées dans un des établissements culturels de la ville.

Le peintre Kim En Joong a été choisi pour cette nouvelle création. L’artiste connaissait en effet déjà Saint-Gervais pour avoir réalisé, en 2015, douze vitraux pour la chapelle de Cupelin. La rencontre avec le père Kim, lors de cette première réalisation, a permis à la commune de faire de nouveau appel à lui pour l’église de Saint-Gervais dès l’année suivante. Qualifié de « peintre du blanc » ou de « peintre de la lumière », dès ses premières expositions par les critiques des années 1970, il dit lui-même que la lumière lui est aussi indispensable que respirer ou se nourrir. « Dans ses œuvres picturales, ce qui frappe, c’est l’impression de liquidité ou de fluidité des pigments utilisés. Grâce à des couleurs délicates, pures et limpides, Kim En Joong restitue un spectacle féerique en jouant à la fois sur la vivacité des tons et les contrastes subtils. La quête mystique de cet artiste se traduit principalement par son souci de pénétrer l’essence des choses et de rendre visible ce qui est a priori invisible », indiquait le document officiel de l’inauguration, présentant l’intervention du père Kim dans l’église Saint-Gervais. L’artiste déclarait à Xavier Caquineau, mécène des vitraux de Kim En Joong et guide du patrimoine, à propos de son travail réalisé pour Saint-Gervais : « Comme le retable baroque savoyard, placé dans l’église au-dessus de l’autel, chante la joie et la foi vivante, puissent mes vitraux entrer en harmonie avec lui, pour témoigner ensemble du message que saint François de Sales a voulu transmettre toute sa vie: la rencontre harmonieuse de la vie humaine ici-bas en toutes ses composantes avec la connaissance humble et simple de Dieu. » Ajoutant : « Que ces images soient porteuses de paix et de vie, ne soient pas un écran mondain d’illusions, mais un miroir du monde intérieur, mystérieux, réel, concret, fait d’espérance et de combat en faveur de la vie, pour le bonheur de chacun et de tous à la fois… Comme le Mont Blanc, habillé de pure blancheur, qu’elles attirent le monde de sa magnificence et aide à la rencontre des cultures de tous les pays de la Terre. »

Xavier Caquineau apporte quelques clés de lecture personnelles qu’il a tirées de ses conversations avec l’artiste : « Dans la nef, la série des vitraux peut suggérer une marche, celle des ténèbres vers la lumière, sujet classique de l’iconographie chrétienne ; elle peut suggérer aussi la Communion des Saints, qui accompagne cette marche orientée vers le chœur, sujet cher aussi au père Kim En Joong. Marche qui conduit au chœur et vers l’illumination de la Jérusalem céleste. L’espace sacré, le chœur, est enrichi de vitraux thermoformés pour apporter plus d’éclat, de vivacité. Ainsi en contemplant ces vitraux du chœur, l’on peut, sans contrainte pour cela, en respect de l’intention de l’artiste, penser à l’Esprit saint dans son mouvement de feu (rouge), toujours en action pour donner vie et joie par amour. À Dieu le Père dans sa clarté lumineuse (jaune), lui-même témoin de la lutte entre les ténèbres (noires ici) et la lumière, Lui le Maître de la vie. À Jésus le Fils dans sa douceur et son humilité, que le bleu voudrait sans doute rappeler. Les vitraux de la nef, sans indication particulière du père Kim, sont sans thermoformage. Peut-être sans éclats de lumière, mais avec autant et peut[1]être plus de couleurs fortes, vives et chatoyantes. Très souvent, la communion des saints occupe la pensée de l’artiste, marche plus ou moins terrestre de la communauté humaine vers un lieu sacré. Ainsi chaque vitrail peut être regardé selon sa propre sensibilité, son état personnel, admiré pour ses couleurs, pour la perception des détails, pour ce qu’il peut suggérer personnellement. »

Tout cela épinglé dans l’instant éternel du mystère de la beauté, que le noir présent ici anoblit peut-être encore plus au regard, car il peut suggérer l’immense noblesse de la lutte pour la Vie. » Les neuf vitraux du chœur et de la nef ont ainsi été réalisés dans deux ateliers différents. Les trois baies du chœur de l’église ont été créées dans l’atelier Loire. L’artiste a peint, à même le sol et sur des verres préalablement thermoformés, en utilisant des émaux pour les verts et les bleus, des céments jaune d’argent et rouge de cuivre, et des grisailles. L’atelier Derix Glasstudio, de Taunusstein, en Allemagne, a réalisé les six baies de la nef à partir des maquettes du père Kim grâce à des techniques d’impression sur verre et de collages. Toutes les baies ont été doublées d’un vitrage de protection posé à l’extérieur. Le choix, dans un souci d’homogénéité avec les vitraux anciens conservés, s’est porté sur l’utilisation de barlotières, scindant les verrières en quatre parties.

Vitraux : 3 baies du Chœur (120 x 263 cm, chaque en 4 panneaux), 9 m2.

Technique : Verre thermoformé de 8 mm et peints à l’émail et céments.

Ateliers Loire

Les Vitraux de la nef ont été réalisés par l’ Atelier Derix