Construit entre 1602 et 1613 par François de Kergroadez, seigneur du lieu, le château de Kergroadez est mis en vente en mai 1789. La Révolution survient, le 14 juillet, avant qu’un acquéreur ne se soit présenté, empêchant la réalisation du projet. Les années passant, le manque d’entretien, les vols de matériaux récurrents, puis les ventes en biens nationaux des différents lots de menuiseries, charpentes et sols, ont eu raison de la salubrité de l’édifice. La propriété passera en de nombreuses mains au cours des XIXème et XXème siècles jusqu’à son acquisition par la famille Jaclin en l’an 2000. Séduits d’emblée par le château classé Monument historique en 1995, son environnement et la géographie de cette pointe bretonne, leur projet est de restaurer l’ensemble du domaine pour en faire un lieu vivant et ouvert à tous.
C’est lors de son étude préalable à la restauration de la chapelle qu’une réflexion est amorcée quant aux vitraux de l’édifice. La chapelle, consacrée, est depuis ses origines une chapelle animée, où se disaient notamment des messes publiques, en mai, pour le mois de Marie. Le projet de remplacer les vitraux posait la question du choix d’un artiste, et une réflexion sera menée en famille. Le propos de faire « revenir la lumière dans la chapelle », d’une « résurrection par la lumière », s’imposait aux membres de la famille, qui s’est intéressée à l’œuvre du père dominicain Kim En Joong. Lors de leur visite de l’atelier Loire, ils y découvrent de nombreux vitraux d’artistes, mais ce sont ceux du père Kim qui les confortent dans leur dessein.
La famille Jaclin rencontre l’artiste en février 2020. Celui-ci séjournera plusieurs jours à Kergroadez pour s’imprégner du lieu, avant d’accepter la commande. Le père Kim réalisera l’ensemble des vitraux de la chapelle, le vitrail oriental des Chevillotte ayant été déposé et présenté à proximité de la chapelle. La baie principale, à l’est, comporte trois lancettes. La baie sud compte deux parties séparées horizontalement par un meneau. L’ensemble est complété par un oculus en façade ouest. Dans l’atelier Loire, les verres ont été travaillés sur une table lumineuse en utilisant une nouvelle gamme d’émaux cuits à très haute température, avec des rouges et des bleus plus puissants que ceux que l’artiste obtenait avec des émaux traditionnels cuits à six cent cinquante degrés. Le verre support utilisé est un verre float de huit millimètres d’épaisseur pour les vitraux est et ouest, et dix millimètres pour la baie sud. Après la mise en peinture, les verres colorés ont été posés sur la sole du four préalablement modelée. Une cuisson unique a ainsi permis à la fois le thermoformage et l’obtention des couleurs. Le peintre a ensuite ajouté des grisailles et des émaux, avec des cuissons successives, jusqu’à l’obtention du résultat final.
Pour les propriétaires du château, les vitraux du père Kim contribuent grandement à la rénovation de la chapelle : « Le geste de l’artiste, le tracé imprimé sur les verres apportent élévation et laissent libre cours à l’imagination. Les couleurs chaudes de l’oculus magnifient la lumière du couchant Quant à la baie sud, deux partis pris étaient possibles : soit elle s’installait dans le prolongement du travail de la baie est, soit elle était traitée comme une entité à part entière. Ce dernier parti fut retenu pour l’émotion apportée par le contraste entre les deux verrières. »
Réalisés au sein des Ateliers Loire, à Lève au début du mois de décembre 2020, les vitraux furent posés peu de temps après.