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Eglise Saint-Pierre-Aumaître, Yogin, Corée du Sud

Eglise Saint-Pierre-Aumaître, Yogin, Corée du Sud

  • 2019
  • 8 Taebong-ro 27beon-gil, Suji-gu, Yongin-si, Gyeonggi-do, South Korea

Séoul est une ville profondément chrétienne, à l’image de tout le pays. En effet, le christianisme est la principale religion en Corée du Sud, devant le bouddhisme. C’est par les ouvrages des jésuites publiés en Chine que le christianisme est introduit en Corée depuis le XVIIIe siècle. L’archidiocèse de Séoul a été érigé canoniquement le 10 mars 1962 par le pape Jean XXIII. L’archevêque, Mgr Andrew Yeom Soo Jung, siège à la cathédrale Myeong-Dong. C’est un édifice de style néo-gothique bâti à la fin du XIXe siècle, lorsqu’après des centaines d’années d’isolement, Séoul a ouvert ses portes aux étrangers et a commencé à se moderniser. Elle est bâtie sur l’emplacement où s’installa en 1784 la première communauté catholique de la ville.

Kim En Joong est né à Booyo, en Corée, au temps de l’occupation japonaise. C’est à leur retrait, en 1945, qu’aura lieu la séparation du pays en deux zones d’occupation administrées respectivement par l’Union soviétique, au nord, et les États-Unis, au sud. C’est ainsi qu’en 1963, le père Kim fut mobilisé comme soldat pour un service militaire obligatoire destiné à défendre la Corée du Sud contre le Nord. Nommé lieutenant, il resta deux ans à la frontière entre les deux Corée. Jusqu’en 1965, il fut témoin de nombreuses exactions qui le marquèrent : « Dans l’armée je fus confronté de près à la mort. Là, j’ai profondément réfléchi au sens de la vie et à l’histoire de notre peuple, un seul, de même culture, qui avait été divisé par des influences extérieures. Ces évènements ont pesé lourdement sur moi. »

La vie du père Kim est donc intimement liée à l’histoire de son pays natal à double titre, militaire et religieux, ainsi qu’à son héritage artistique. En effet, le jeune Kim, avec un père calligraphe, était déjà intéressé par le dessin et la peinture. En 1989, il crée un ensemble de vitraux pour l’église Saint-Jean-Baptiste d’Angoulême. Cette première réalisation donnera naissance, au fil des années et d’un travail ininterrompu, à une immense carrière d’artiste créateur de vitraux. C’est ainsi que le père Kim revint à la source, en étant à l’origine d’un projet architectural coréen, conçu par l’architecte Bernard Geyler. Sollicité par ses compatriotes pour réaliser les vitraux d’un édifice religieux à construire, l’artiste avait demandé à travailler avec l’architecte comme maître

La commande s’est concrétisée en 2015 et le programme s’est avéré complexe. Il s’agissait d’une église, pouvant accueillir sept cents fidèles, accompagnée d’un ensemble d’espaces de services, salles de réunions, restaurant et cuisine, salles de spectacles et de concerts, locaux destinés à la formation, ainsi que des logements pour les prêtres.

Les églises traditionnelles sont majoritairement constituées d’une nef coupée par une barre transversale dessinant ainsi une croix latine. Ce principe présente un inconvénient majeur, car les fidèles installés dans la nef sont, au fur et à mesure de leur arrivée, de plus en plus éloignés de l’autel. La vue étant restreinte et l’écoute difficile, l’attention est elle-même perturbée. L’ellipse a été choisie, en effet, cette figure géométrique permet de réduire la profondeur de l’espace, tout en rapprochant les fidèles de l’autel.

Le maître d’ouvrage s’est ainsi montré très favorable à la proposition d’intégrer au projet quatorze vitraux situés en périphérie de l’ellipse. Les quatorze vitraux symbolisant les quatorze stations du chemin de croix, la quinzième station étant l’autel proprement dit. Pour les architectes, « la volumétrie se prêtait bien à une succession de vitraux étroits et de grande hauteur, une proportion évoquant les vitraux d’une cathédrale. » Sur les 15 vitraux exécutés par l’Atelier Derix, deux ont été exécutés par le Père Kim en 2018 à l’Atelier Loire.  Derrière l’autel, un vitrail monumental, est centré sur l’ellipse.  La nouvelle église, située à Shinbongdong, au sud de Séoul, est dédiée à saint Pierre Aumaître. Elle appartient au diocèse de Suwon.

Originaire de Charente et ordonné prêtre en 1862 au séminaire des missions étrangères de Paris, saint Pierre Aumaître partit la même année pour la Corée. Au cours de persécutions envers les chrétiens, il y fut arrêté, puis torturé et décapité avec d’autres prêtres en 1866 : il avait vingt-huit ans. Après maintes péripéties, ses restes furent inhumés dans la cathédrale de Séoul. Saint Pierre Aumaître, a ainsi été canonisé à Séoul, le 6 mai 1984, par Jean-Paul II. » L’inauguration de l’église a eu lieu le 12 mai 2019.